13

 

 

 

Reith avait loué une maisonnette trapue et cylindrique donnant sur la grande place où les jeunes de Smargash passaient une bonne partie de leur temps à danser. Cinq personnages à la crinière blanche étaient assis dans des fauteuils de rotin. Zarfo avait pris contact avec vingt personnes : seize avaient été éliminées. On était au milieu de l’après-midi. Dehors, les danseurs gambadaient et virevoltaient au rythme des bandonéons, des clochettes et des tambourins.

Reith n’avait révélé qu’une faible partie de ses projets à ses hôtes, n’osant aller plus loin.

— Si vous êtes ici, messieurs, c’est parce que vous êtes susceptibles de m’apporter votre concours pour une aventure que je médite. Zarfo Detwiler vous a fait savoir qu’une importante somme d’argent est en jeu. C’est la vérité. Même si nous échouons, vous serez gagnants. Et si nous réussissons – je crois, d’ailleurs, que nous avons de bonnes chances – la fortune qui récompensera notre succès suffira à satisfaire les ambitions de chacun d’entre vous. Comme vous pouvez vous y attendre, il y aura du danger mais nous ferons en sorte que les aléas soient réduits au minimum. Ceux qui ne voudraient pas envisager de tenter l’aventure peuvent encore partir.

Le plus âgé du groupe, un dénommé Jag Jaganig, spécialiste des systèmes de commande, prit la parole :

— Jusqu’à présent, personne n’est capable de répondre oui ou non. Aucun d’entre nous ne refuse un sac de sequins, mais nous ne désirons ni les uns ni les autres nous lancer dans une entreprise impossible dans l’espoir d’un maigre et hasardeux profit.

— Vous voulez davantage d’informations ? (Reith dévisagea ses interlocuteurs.) C’est bien naturel. Seulement, je me refuse à mettre dans la confidence des gens qui ne sont mus que par la curiosité. Je souhaite que tous ceux qui sont décidés à ne pas participer à une aventure périlleuse, encore que nullement désespérée, se fassent connaître.

Les cinq s’agitèrent nerveusement mais personne ne dit mot. Reith attendit quelques instants avant de poursuivre :

— Parfait ! Mais il faut que vous vous engagiez à garder le secret.

Les hommes de Smargash prononcèrent alors le terrible serment des Lokhars. Zarfo arracha un cheveu à chacun d’eux, fit de ces cheveux une tresse qu’il enflamma et chacun aspira la fumée.

— À présent, nous sommes tous liés. Si quelqu’un trahit son serment, les autres l’abattront.

Impressionné par la cérémonie, Reith n’hésita plus à parler.

— Je connais l’emplacement exact d’une source de richesses qui ne se trouve pas sur la planète Tschaï. Nous avons besoin d’un astronef et d’un équipage capable de le piloter. Je me propose d’en confisquer un à la base spatiale d’Ao Hidis. L’équipage, ce sera vous, messieurs. Afin de vous prouver que je suis sain d’esprit et vous démontrer ma bonne foi, je verserai à chacun d’entre vous cinq mille sequins le jour du départ. Si la tentative échoue, vous toucherez tous une somme égale.

— Ce seront les survivants qui la toucheront, maugréa Jag Jaganig.

Reith enchaîna :

— Si l’expédition est couronnée de succès, dix mille sequins vous feront l’effet d’une plaisanterie. Vous pouvez juger de son importance.

Les Lokhars, l’air sceptique, s’agitèrent dans leurs fauteuils. Jag Jaganig se fit de nouveau le porte-parole de ses compagnons :

— Il est de fait que nous constituons à nous cinq le noyau d’un équipage compétent s’il s’agit de naviguer à bord d’un Zeno, d’un Kud ou même d’un petit Kadant. Mais se mesurer aux Wankh n’est pas une mince affaire.

— Ou, pis encore, aux Hommes-Wankh, murmura Zorofim.

— Pour autant que je m’en souvienne, fit rêveusement Thadzeï, la base n’est pas gardée avec une vigilance extrême. C’est là un projet peu ordinaire. Toutefois, il semble réalisable à condition que le vaisseau en question soit en état de marche.

— Ah ! s’exclama Belje. Cet « à condition que » est la clé de toute l’aventure !

— Il y a un risque, bien sûr, railla Zarfo. Est-ce que vous espérez gagner de l’argent pour rien ?

— On peut toujours l’espérer !

— Supposons que nous nous emparions de cet astronef, fit Jag Jaganig. Y aura-t-il d’autres risques ensuite ?

— Aucun.

— Qui sera le navigateur ?

— Moi, répondit Reith.

— Sous quelle forme se présente ce trésor ? s’enquit Zorofim. S’agit-il de joyaux ? de sequins ? de métaux précieux ? D’objets d’antiquité ? D’essences ?

— Je ne vous donnerai aucun détail supplémentaire. Tout ce que je peux vous dire, c’est que vous ne serez pas déçus.

La discussion continua. Tous les aspects de l’aventure furent examinés et étudiés. On lança des contre-propositions qui furent tour à tour débattues et repoussées. Personne ne semblait considérer que le risque était exagéré ni douter de l’aptitude du groupe à manœuvrer un astronef. Mais personne ne manifestait d’enthousiasme. Jag Jaganig résuma ainsi la situation :

— Nous sommes intrigués, dit-il à Reith. Nous ne comprenons pas votre but. Ces trésors sans limites nous laissent sceptiques.

Ce fut alors que Zarfo intervint :

— Là, il faut que vous m’écoutiez. Adam Reith a ses défauts, ce n’est pas moi qui dirai le contraire. Il est cabochard et obstiné. Il est aussi rusé qu’un Zut. Il est impitoyable quand on se dresse contre lui. Mais c’est un homme de parole. S’il affirme qu’il existe un trésor bon à prendre, il n’y a pas à discuter là-dessus.

Au bout d’un moment, Belje murmura :

— C’est sans espoir ! Qui désire connaître la vérité des boîtes noires ?

— Non, ce n’est pas sans espoir, protesta Thadzeï. Il y a un risque, c’est vrai. Et au diable les boîtes noires !

— Je suis prêt à courir ce risque, laissa tomber Zorofim.

— Moi aussi, dit Jag Jaganig. Nous sommes tous mortels, n’est-ce pas ?

Belje finit par céder à son tour et déclara qu’il marcherait avec les autres.

— Quand partirons-nous ?

— Dès que possible, répondit Reith. Plus l’attente se prolonge, plus je deviens nerveux.

— Et plus il y a des chances pour que quelqu’un d’autre s’empare du trésor, hein ? s’exclama Zarfo. Ce qui serait vexant !

— Accordez-nous trois jours pour mettre l’affaire au point, fit Jag Jaganig.

— Et les cinq mille sequins ? demanda Thadzeï. Pourquoi ne pas distribuer l’argent tout de suite ? Nous en aurons peut-être l’usage.

L’hésitation de Reith ne dura pas plus d’un dixième de seconde.

— Dans la mesure où je vous demande de me faire confiance, je dois, moi aussi, vous faire confiance. Et il donna à chacun des Lokhars émerveillés cinquante sequins pourpres d’une valeur unitaire de cent sequins blancs.

— Voilà qui est parfait, s’écria Jag Jaganig. Que personne n’oublie que la discrétion la plus absolue s’impose. Il y a des espions partout. Je me méfie en particulier d’un étranger habillé comme un Yao qui se trouve à l’auberge.

— Quoi ? s’exclama Reith. S’agit-il d’un jeune homme brun très élégant ?

— Précisément. Il contemple la piste de danse sans proférer un mot.

 

Reith, Zarfo, Anacho et Traz se rendirent à l’auberge. Helsse était assis dans la salle que baignait la pénombre. La mine sombre, il regardait droit devant lui, les yeux braqués sur la porte derrière laquelle on voyait de jeunes garçons à la peau noire et aux cheveux blancs gambader et danser sous la lumière brune du soleil avec des jeunes filles à la peau blanche et aux cheveux noirs.

— Helsse ! appela Reith.

L’interpellé ne tourna même pas la tête.

Le Terrien s’approcha de lui.

— Helsse !

Cette fois, l’autre le dévisagea. Ses yeux étaient des lentilles de verre opaque.

— Dites quelque chose, le pressa Reith. Parlez-moi, Helsse !

L’autre ouvrit la bouche et émit une sorte de croassement sinistre. Le Terrien recula. Helsse le toisa d’un air indifférent et se perdit de nouveau dans la contemplation des danseurs et des collines qui se silhouettaient vaguement au loin.

Reith rejoignit ses compagnons et Zarfo lui servit un pot de bière.

— Que se passe-t-il avec le Yao ? Est-il fou ?

— Je ne sais pas. Peut-être simule-t-il la folie. À moins qu’il ne soit sous hypnose. Ou qu’on l’ait drogué.

Zarfo s’octroya une généreuse rasade. Il essuya la mousse qui s’était déposée sur son nez.

— Si on le guérissait, il nous en serait peut-être reconnaissant ?

— Certainement, dit Reith. Mais comment faire ?

— Pourquoi ne pas faire appel aux services d’un rebouteux dugbo ?

— Qu’est-ce que cela peut être ?

Zarfo désigna l’est d’un coup de pouce.

— Il y a un camp dugbo à la périphérie de la ville. Les Dugbo sont des paresseux qui se promènent en haillons, s’adonnent au vol et au vice. Et à la musique, par surcroît. Ils adorent les démons et leurs rebouteux accomplissent des miracles.

— Ainsi, tu crois qu’ils pourraient guérir Helsse ?

Zarfo finit sa bière.

— S’il simule, je vous garantis que cela ne durera pas longtemps.

Reith haussa les épaules.

— Nous n’avons rien de spécial à faire pendant un jour ou deux.

— Je suis tout à fait de votre avis.

 

Le rebouteux était un petit bonhomme grêle, vêtu de haillons bruns, chaussé de bottes de cuir brut. Ses yeux noisette étaient lumineux et ses cheveux roussâtres étaient tressés de façon à former trois chignons graisseux. Des cicatrices pâles labouraient ses joues et il sautillait tout en parlant. Il ne parut pas surpris par la demande de Reith et examina avec une curiosité de clinicien Helsse qui, sardonique et indifférent, était affalé au fond d’un fauteuil de rotin.

Le Dugbo examina ses yeux, ses oreilles et secoua le menton comme si ce qu’il avait vu confirmait ses soupçons. Il adressa un signe à l’adolescent obèse qui lui servait d’assistant et fit des impositions de mains au patient, tandis que son aide maintenait un flacon contenant une essence noire sous le nez de ce dernier. Bientôt, l’attitude d’Helsse se fit passive et il parut se décontracter. Le rebouteux fit brûler de l’encens et agita la main pour que la fumée pénètre dans les narines du sujet. Tandis que le garçon jouait un petit air de flûte nasillard, il entonna une mélopée pleine de mots secrets qu’il murmurait à l’oreille d’Helsse. Puis il glissa une boulette d’argile dans la main de celui-ci, qui se mit à la pétrir fébrilement et, bientôt, commença de bredouiller quelque chose.

Le Dugbo se tourna vers Reith :

— C’est un cas de possession banale. Vois comme les démons s’échappent par ses doigts et passent dans l’argile. Tu peux lui parler si tu veux. Doucement mais avec autorité. Il te répondra.

— Helsse, je veux que tu expliques tes rapports avec Adam Reith, fit le Terrien.

Et Helsse répondit d’une voix claire :

— Adam Reith est venu à Settra. Des bruits et des rumeurs l’avaient précédé, mais quand il a été là, tout s’est présenté différemment. Un heureux hasard a voulu qu’il vienne au Palais du Jade Bleu, mon poste d’observation personnel, et c’est moi qui l’ai vu le premier. Dordolio est arrivé ensuite et, dans sa fureur, il a calomnieusement accusé Reith d’être un « cultiste », de s’imaginer qu’il était originaire de la lointaine Planète Patrie. J’ai parlé avec Adam Reith mais ses propos n’étaient que confusion. Pour les éclairer par acquiescement, en vertu de la troisième des dix techniques, je l’ai conduit au quartier général du « culte » et je me suis trouvé démenti. Un courrier, nouveau à Settra, nous a suivis. J’ai été dans l’incapacité d’opérer une diversion dramatique en application de la sixième des dix techniques. Adam Reith a tué le courrier et s’est emparé d’un message d’importance inconnue qu’il ne m’a pas permis d’examiner. Il m’eût été difficile d’insister. Je l’ai branché sur un Lokhar, toujours en vertu de la technique d’éclaircissement par acquiescement. Mais il s’est révélé que ce n’était pas la bonne : le Lokhar a déchiffré une bonne partie du message. J’ai ordonné que Reith fût assassiné. La tentative a échoué. Reith et ses amis sont partis en direction du sud. J’ai reçu pour instructions de l’accompagner et de découvrir ses mobiles. Nous avons rejoint le fleuve Jinga que nous avons descendu à bord d’un bateau. Sur une île…

Helsse poussa un cri étranglé et se rejeta en arrière, le corps rigide, tremblant comme une feuille.

Le rebouteux agita la main pour répandre la fumée devant son visage et lui pinça le nez.

— Reviens à l’état de calme et restes-y tant que tu auras le nez pincé. C’est un ordre absolu. À présent, réponds aux questions qu’on te pose.

— Pourquoi espionnes-tu Adam Reith ? demanda Reith.

— J’y suis obligé. De plus, c’est une tâche qui me plaît.

— Qu’est-ce qui t’y oblige ?

— Tous les Hommes-Wankh doivent servir la Destinée.

— Oh ! Tu es un Homme-Wankh ?

— Oui.

Reith s’étonna d’avoir pu penser autre chose. Les Hoch Hars ne s’y étaient pas trompés :

— Si vous aviez été des Yao, les choses ne se seraient pas passées aussi bien, avait dit Tsutso.

Le Terrien considéra ses compagnons d’un air lugubre, puis poursuivit l’interrogatoire :

— Pourquoi les Hommes-Wankh ont-ils des espions au pays de Cath ?

— Ils surveillent le cycle du « rond ». Ils veillent à ce que le « culte » ne ressuscite pas.

— Pourquoi ?

— C’est une affaire de stase. Pour le moment, les conditions sont optimales. Tout changement ne pourrait être que préjudiciable.

— Tu as accompagné Adam Reith jusqu’à une île au milieu des marais. Qu’est-il alors arrivé ?

Helsse émit de nouveau une espèce de râle et retomba en transe. Le rebouteux lui tordit le nez.

— Comment as-tu fait pour te rendre à Kabasas ? insista Reith.

L’autre était toujours inerte et le Terrien lui tritura lui-même le nez.

— Dis-nous pourquoi tu ne peux pas répondre à ces questions ?

Helsse garda le silence. Il semblait conscient. Le rebouteux lui souffla de la fumée en pleine figure et Reith lui tordit encore le nez. Il remarqua alors que l’ancien aide de camp louchait comme s’il était atteint de strabisme divergent. Le Dugbo se leva et commença à ranger son matériel.

— C’est fini. Il est mort.

Reith le regarda. Il regarda Helsse.

— À cause de cet interrogatoire ?

— La fumée pénètre à l’intérieur de la tête. Parfois, le sujet survit. Souvent, en fait. Celui-ci est mort rapidement. Vos questions ont fait éclater son sensorium.

 

Le soir était clair. Le vent faisait tourbillonner la poussière au-dessus de l’aire de danse abandonnée. Des hommes enveloppés de capes grises entrèrent dans la maisonnette que Reith avait louée. Les lampes tamisées éclairaient faiblement la pièce et les fenêtres étaient obturées. La conversation se déroula à voix contenues. Zarfo déploya une vieille carte sur la table.

— Nous pouvons rejoindre la côte et la redescendre, commença-t-il en posant sur la carte un doigt noir et épais. Mais nous serons en pays niss. Nous pouvons également prendre par l’est et contourner Sharf jusqu’au lac Falas : seulement, c’est un long parcours. Nous pouvons, enfin, mettre le cap au sud, traverser les Provinces Perdues, franchir les monts Infnets et poursuivre jusqu’à Ao Hidis. C’est la route la plus directe et la plus logique.

— Il n’y a pas moyen de trouver d’aéroglisseurs ? s’enquit Reith.

Belje, qui de tous était le moins enthousiaste, secoua la tête.

— Les choses ne sont plus ce qu’elles étaient du temps de ma jeunesse. À l’époque, tu aurais pu faire ton choix entre une demi-douzaine de glisseurs. À présent, il n’y en a plus. Les sequins et les aéroglisseurs sont difficiles à trouver. Aussi, si nous voulons les premiers, il nous faut renoncer aux seconds.

— Comment voyagerons-nous ?

— Nous nous rendrons dans un char à moteur jusqu’à Blalag, où il nous sera peut-être possible de louer un moyen de transport qui nous permettra de rallier les monts Infnets. Après, force nous sera de continuer à pied. Les anciennes routes méridionales sont détruites et tout le monde les a oubliées.

Le Wankh
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